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Badinter émoi

Voici ce que j’ai posté sur feu mon compte facebook (qui me servait alors de journal de bord) le jour où Robert Badinter est mort :

Vingt mois se sont écoulés depuis, et je me dis qu’il est heureux que le vieil homme – qui, à propos du mouvement des Gilets Jaunes, s’est ému de la violence symbolique d’une caricature de Macron brandie au bout d’une pique, mais pas, à ma connaissance, des mutilations réelles subies par de très nombreux manifestants à cause de la réellement très violente répression policière – qu’il n’ait pas assisté donc à la guerre d’Israël contre le Hamas, entraînant la mort d’au moins 60000 civils pour en venger un peu plus de 1200, car ses mots n’auraient peut-être pas été cette fois-ci à la hauteur de la tragédie ;
de même qu’il est heureux qu’il ne sache pas que sa « panthéonisation » intervient dans le contexte d’un désordre politique sans précédent, engendré par un président-narcisse pourri par l’hubris, qui a perdu tout crédit dans son pays, mais qui sera tout de même le maître de cérémonie demain soir, et à la veille de la probable accession au pouvoir d’un parti farouchement opposé à ses combats et à ceux de Simone Veil, et qui pourtant a obtenu le soutien des Klarsfeld …

Pour le reste, mon admiration et ma gratitude restent intactes – j’ai tenté ce matin de les transmettre à celles et ceux de mes élèves qui suivent la spécialité « humanités, littérature, philosophie ».
Je me prends à douter actuellement qu’on retrouve un jour des humains accédant au plus haut niveau du pouvoir politique avec une telle hauteur de vue, une telle intégrité et un tel bagage culturel.